
Portrait du mois de Novembre
Portrait de Philippe Bourillon, tailleur de pierre à la retraite.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Philippe BOURILLON, je suis fils d’agriculteurs, né en 1956 dans le Loiret. J’y ai suivi toute ma scolarité, sans grande conviction pour les études. J’ai ensuite fait mon entrée au lycée technique de Saint Jean de Braye (banlieue d’Orléans) pour me former aux métiers du bâtiment.
A l’époque, je voulais être maçon, mais je me suis vite pris d’intérêt pour le travail de la pierre. De là, je me suis inscrit dans la section « tailleur de pierre » du lycée, pour apprendre le métier et finalement y faire toute ma carrière. J’ai découvert, avec beaucoup de plaisir, les multiples facettes de la profession : passant de l’apprentissage, au poste à responsabilités, jusqu’à devenir associé d’une importante entreprise locale.
Travailler la pierre – sous toutes ses formes et ses natures – requiert de grandes capacités de concentration, de précision et de projection. Ces métiers d’artisanat – dont j’encourage encore aujourd’hui la valorisation – offrent aux jeunes apprentis de nombreuses possibilités d’évolution !
Parlez-nous un peu de votre parcours !
Au lycée, j’étais plutôt bon élève. J’ai obtenu mon CAP en 1973, puis intégré la prestigieuse école Saint-Lambert à Paris pour me spécialiser dans la restauration de monuments historiques.
Après l’obtention, en 1975, du Brevet professionnel des Monuments Historiques (B.P.M.H), j’ai multiplié les expériences et fait mes premiers coups d’essai sur la cathédrale de Rouen. Ensuite, je suis parti pour Reims, Tours et Paris, pour finalement revenir dans la région à Châlons-en-Champagne en 1982, puis à Reims en 1990, en acceptant un poste à responsabilité dans la société Léon Noël.
En 1986, je me suis inscrit au concours et obtenu la même année un des titres de « Meilleurs ouvriers de France » (M.O.F). En 1997, Pierre POSSEME, dirigeant (de l’époque) du Bâtiment associé (à Muizon) - m’a recruté et m’a donné la direction du secteur pierre. C’est ainsi que j’ai pu apporter à l’entreprise la qualification « Monument historique » et que je suis devenu, à mon tour, associé-collaborateur de la société.
A présent, étant à la retraite, je m’occupe beaucoup de mes petits-enfants, mais aussi de mes nouveaux engagements. Je coorganise, chaque année, le concours de « Meilleurs apprentis de France » et suis membre actif de la commission nationale M.O.F. La culture du concours est très importante pour moi. Elle permet de valoriser nos métiers et pousse nos jeunes apprentis à la formation et à l’excellence !
Enfin, je suis aussi bénévole au sein de la Fondation du patrimoine : nos missions sont la sauvegarde et l’accompagnement des communes et des particuliers dans la préservation du patrimoine par le biais de labels et de souscriptions.
Quels sont vos liens avec le Parc ?
Nous n’en avons pas toujours conscience, mais la Montagne de Reims offre une belle pluralité de bâtis anciens, très caractéristiques de la région. Ce patrimoine est riche et bien préservé. D’ailleurs, le Parc œuvre énormément pour sensibiliser les pouvoirs publics, les porteurs de projets et les habitants dans cette démarche de préservation !
C’est pourquoi, en 2015, Caroline Feneuil – architecte du Parc - a fait appel au « Bâtiment associé » pour réaliser un espace de démonstration sur les matériaux et les couleurs du bâti en Montagne de Reims. Le but est de sensibiliser et d’accompagner au mieux les porteurs de projets dans leurs travaux de restauration et de construction. Voilà le défi que nous avons souhaité relever avec le Parc !
Pour ce projet - à portée pédagogique – nous avons édifié 3 maquettes grandeur nature de façades de maison traditionnelle, mettant en œuvre les matériaux de construction les plus caractéristiques de l’architecture locale, en accès libre à la Maison du Parc. En complément, des échantillons d’enduits traditionnels et de bardages permettent de voir concrètement le rendu des couleurs et l’aspect des matériaux que le Parc recommande. Ainsi, chacun peut s’appuyer de ce nuancier pour s’inspirer, comprendre et connaitre les typicités architecturales de ce territoire. Je garde un très bon souvenir de cette collaboration !
Quel est votre endroit préféré en Montagne de Reims ?
Très sensible à l’architecture et amoureux des vieilles pierres, je prends beaucoup de plaisir à flâner à travers les ruelles des petits villages de la Montagne de Reims. J’ai un attachement particulier pour l’Ouest du territoire. La vallée de l’Ardre est très bucolique, elle a conservé son âme de vie rurale. Aussi, on y retrouve beaucoup de bâtisses en pierre de Courville, c’est un matériau noble que j’aime contempler, toucher et façonner !